Nous devons tous faire notre part pour limiter les effets du changement climatique en réduisant notre empreinte carbone, et la meilleure façon d’y parvenir n’est pas de passer aux ampoules LED, de conduire des voitures hybrides ou même de recycler. La meilleure façon est de modifier notre alimentation pour y inclure beaucoup moins de viande (ou pas du tout !) et beaucoup plus de plantes. Pour les plus « viandard » d’entre nous, les fans du goût et des protéines, une solution existe : remplacer la consommation de bœuf, de poulet et de volaille par de la consommation de protéines d’origine végétale. Les viande d’origine végétale, comme Beyond Meat, ressemble à s’y méprendre à un steak et ont de plus en plus le goût du boeuf.
Une chose est certaine, le bétail est un désastre écologique et humanitaire. En effet, l’industrie du bétail produit 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, occupe 83 % des terres agricoles cultivées, consomme 34 % des cultures mondiales et utilise plus de 50 % de nos réserves d’eau douce. C’est pourquoi de nombreux français modifient leurs habitudes alimentaires. Ils mangent de moins en moins de viande et de plus en plus de viande végétale, comme Happyvore (viande à base de végétaux et faite en France) ou des substituts de viande végétaliens. Ce qui soulève la question : La viande sans viande est-elle plus saine, pour vous et pour la planète ? J’ai fait mes recherches et je vais tout vous résumer. (Spoiler alert : c’est bien plus éco-responsable !)
La fausse viande est-elle meilleure pour l’environnement ?
Il ne fait aucun doute que la viande dite « sans viande » est gagnante lorsqu’il s’agit de la santé de notre planète. La viande végétale, comme tous les aliments, a des impacts sur l’environnement, mais elle est loin d’avoir le même impact sur la planète que la viande d’origine animale.
Pour bien voir la différence, nous devons examiner quelques éléments clés de l’impact environnemental : utilisation de l’eau, utilisation des terres, utilisation d’énergie et émissions de gaz à effet de serre (ges).
Des études ont montré qu’il faut entre 3 500 et 13 500 litres d’eau pour produire un seul kilogramme de bœuf ; en revanche, il ne faut qu’environ 500 litres pour produire un kilogramme de tofu. De plus, la production de bétail contribue à une plus grande pollution des eaux souterraines.
De vastes étendues de forêts ont été délibérément coupées et brûlées pour faire de la place à l’élevage, notamment 15 % de la forêt amazonienne, qui ne cesse de se réduire. « Remplacer une partie de la viande d’élevage dans le régime alimentaire par des substituts à base de plantes pourrait théoriquement libérer des terres cultivées pour nourrir davantage de personnes ou fournir d’autres services écologiques tels que la reforestation », écrivent les auteurs d’une étude de 2020 publiée dans Frontiers in Sustainable Food Systems. Ils estiment que la viande d’origine végétale utilise 41 % de terres en moins que la pisciculture (élevage de poisson en eau douce), 77 % de terres en moins que la volaille, 82 % de terres en moins que l’élevage de porcs, 89 % de terres en moins que le bœuf issu de vaches laitières et 98 % de terres en moins que le bœuf issu de troupeaux de bovins. C’est immense !
Selon Stephanie Feldstein, directrice du programme sur la population et la durabilité au Center for Biological Diversity, l’impact sur l’environnement des viandes sans viande est une fraction de celui des produits animaux qu’elles remplacent. « Les alternatives végétales les plus populaires, Beyond [Meat] et Impossible Burgers (marque populaire outre-atlantique, non présente en France), produisent environ 90 % d’émissions de gaz à effet de serre en moins par rapport au bœuf », explique-t-elle. « Elles réduisent l’utilisation des terres d’au moins 93 % et l’utilisation de l’eau de 87 % à 99 %. Ils ne génèrent également aucune pollution par le fumier. »
Quel est l’impact des fausses viandes sur l’environnement ?
La viande d’origine végétale n’est pas parfaite. Toute production alimentaire nécessite des ressources, et la viande sans viande ne fait pas exception. Selon Mark Hyman, MD, l’auteur de Food Fix, la plupart des préoccupations environnementales autour de la fausse viande ont à voir avec l’agriculture industrielle – en particulier l’utilisation du labourage, qui détruit le carbone du sol.
« 30 à 40 % de tout le carbone de l’atmosphère provient de la destruction du sol, par le travail du sol et les produits chimiques agricoles. Cela entraîne un changement climatique », explique le Dr Hyman. « Sur les mille milliards de tonnes de carbone dans l’atmosphère, environ 30 à 40 %, soit plus de 300 milliards de tonnes, sont dus à la dégradation du sol, et la culture actuelle de plantes industrielles contribue à ce problème. »
Mais il ne fait aucun doute que la viande d’origine végétale est meilleure pour l’environnement. Selon un rapport du Good Food Institute, un Impossible Burger réduit les émissions de gaz à effet de serre de 89 % par rapport à la production de bœuf conventionnelle.
Et l’étude Frontiers in Sustainable Food Systems a révélé que les émissions de gaz à effet de serre de la viande d’origine végétale étaient inférieures de 34 % à celles du poisson d’élevage, de 43 % à celles de la volaille, de 63 % à celles du porc, de 87 % à celles du bœuf provenant de vaches laitières et de 93 % à celles du bœuf provenant de troupeaux de bovins.
Quelles sont les préoccupations environnementales liées à la viande d’origine végétale ?
Même si les substituts de viande sont plus respectueux de l’environnement que la viande issue de l’élevage industriel. Les critiques s’inquiètent du fait que la viande d’origine végétale pourrait ne pas être aussi bonne pour la planète qu’elle le laisse entendre. Selon le New York Times, ni Impossible Foods ni Beyond Meat, les deux principaux acteurs du secteur de la viande végétale, n’ont révélé la quantité d’émissions de gaz à effet de serre qu’ils produisent dans l’ensemble de leurs activités.
L’agriculture n’est qu’une partie de l’équation climatique globale. Sans plus d’informations sur la chaîne d’approvisionnement, l’utilisation de l’eau et d’autres facteurs opérationnels, il est impossible de connaître la véritable empreinte carbone de l’industrie de la viande d’origine végétale.
Quel est le rôle des cultures génétiquement modifiées ?
L’ingrédient secret que les viandes d’origine végétale utilisent pour « saigner » est l’hème, une molécule riche en fer que l’on trouve principalement dans la viande rouge. Dans l’industrie de la viande sans viande, une protéine contenant de l’hème provenant des racines de plantes de soja est insérée dans une levure génétiquement modifiée, qui est ensuite fermentée pour produire de grandes quantités d’hème savoureux et 100 % végétal.
Les organismes génétiquement modifiés (OGM) sont certainement controversés. En fait, les cultures OGM sont partiellement ou totalement interdites dans la plupart des pays européens.
Mais selon M. Feldstein, dans le cas de la viande sans viande, l’utilisation d’OGM est loin d’être aussi préoccupante que l’alternative. « Il faut jusqu’à 89 fois plus de cultures génétiquement modifiées pour produire une livre de bœuf que pour produire une livre de viande végétale », explique-t-elle.
Le Dr Hyman note que les alternatives à la viande d’origine végétale sont fabriquées à partir de soja OGM, qui, selon lui, est environ dix fois meilleur que la viande issue de l’élevage industriel en termes d’émissions de carbone à l’origine de la pollution atmosphérique. « C’est donc mieux, mais ce n’est toujours pas génial parce que nous utilisons l’agriculture industrielle avec le labourage, qui détruit le sol et entraîne une perte de carbone dans le sol », explique-t-il.
D’autres scientifiques s’accordent à dire que, malgré la controverse, les cultures OGM ont un rôle clé à jouer dans la lutte contre le changement climatique. Selon Connor Waldoch, chercheur en économie de l’environnement et responsable principal des opérations de marché chez Leap, une start-up spécialisée dans les technologies climatiques, les avantages immédiats des cultures OGM peuvent l’emporter sur les éventuels inconvénients. « Les modifications génétiques des cultures sont généralement effectuées dans un souci d’efficacité, c’est-à-dire en utilisant moins de ressources pour obtenir de meilleurs rendements », explique-t-il. « À l’inverse, les fermes industrielles génèrent d’importantes externalités négatives, telles que des sorties de pollution concentrées, qui peuvent affecter une communauté pendant des décennies. »
Les fausses viandes sont-elles plus saines que les vraies ?
Que les repas à base de viande végétarienne soient meilleurs pour votre organisme que les produits animaux dépendent de la recette. Pensez-y de la manière suivante : un blanc de poulet cuit à la vapeur est peut-être pire pour la planète, mais il est meilleur pour votre corps qu’un Impossible Burger à trois étages. Mais un Impossible Burger est peut-être meilleur qu’une épaisse tranche de bœuf (après tout, manger trop de viande rouge peut réduire votre durée de vie).
Selon des recherches financées par l’Institut national de la santé des États-Unis, les viandes d’origine végétale sont saines. Elles sont une bonne source de fibres, de folates et de fer. Mais si elles contiennent moins de graisses saturées que le bœuf haché, elles contiennent moins de protéines, de zinc et de vitamine B12 que la viande d’origine animale, et beaucoup plus de sel.
Le Dr Hyman souhaite que les gens gardent à l’esprit que ces substituts de viande d’origine végétale sont des aliments hautement transformés, ce dont nous devrions nous éloigner, et non augmenter, dans notre régime alimentaire. « Le Coca-Cola et les Doritos sont à base de plantes », dit-il. « Cela ne signifie pas qu’ils sont sains ».